Peut-on prendre au sérieux le monde du logiciel libre en ce moment ? Pas vraiment avec deux exemples à l’appui.

En ce début du mois de mai 2019, j’avoue que je me pose de plus en plus la question. Je suis actuellement dans une période où je ne peux passer qu’une heure le matin et trois heures le soir entre ma chaise et mon clavier. Oui, je me socialise, étrange pour un vieux geek de 45 balais !

Mais cela ne m’empêche pas de prendre un peu de temps pour quelques libreries qui me permettent de me changer les idées… Cependant, ce que je récolte en ce moment, c’est une énorme désillusion par rapport à certains projets du monde du logiciel libre.

La première grosse déception récente, c’est la GuixSD qui a fait les bonnes feuilles virtuelles des magazines spécialisés informatique début mai 2019.

C’est un projet assez vieux – sept années si on en croit l’article qui parle de la version 1.0 du projet – mais qui souffre d’un bug qui fait penser aux déboires de la version 18.09 de MS-Windows 10 sur lequel je vais revenir.

Si on lit l’article on peut voir ceci :

For Guix, 1.0 is the result of seven years of development, with code, packaging, and documentation contributions made by 260 people, translation work carried out by a dozen of people, and artwork and web site development by a couple of individuals, to name some of the activities that have been happening.

Une traduction rapide ?

Pour Guix, la version 1.0 est le résultat de sept années de développement, avec des contributions de code, de packaging et de documentation de 260 personnes, des travaux de traduction effectués par une douzaine de personnes, et des illustrations et le développement de sites web par quelques personnes, pour ne citer que quelques-unes des activités qui ont été menées.

260 personnes ont travaillés sur le projet… En laissant passer un bug grossier – qui n’a fait l’objet d’aucun errata sauf erreur de ma part – et qui rend la distribution purement et simplement inutilisable… Outre le fait que cela rend inutilisable la session Xfce et que cela fait exploser en vol l’installation de la session Mate-Desktop, il est impossible de faire les opérations de base en ligne de commande : copier, déplacer ou renommer un fichier, créer un lien symbolique, etc…

Je n’aime pas casser des projets, mais tendre ainsi le bâton et se plaindre qu’on est roué de coups… Si vous pensez que j’étais content d’enregistrer une telle vidéo, c’est tout l’opposé…

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En vrac’ de fin de semaine…

Comme chaque fin de semaine, l’habituel en vrac… Désolé pour le manque d’activité sur mon blog en ce moment, la vraie vie intervenant ici.

Côté logiciel libre, informatique et internet.

Côté culture ?

  • Roger Subirana a sorti en ce mois de mai 2019 son nouvel album « Symbiphonic ». Écoutable et téléchargeable sur son espace Bandcamp
  • Clement Belio, un des membres du groupe Izatmna vient de sortir son deuxième album solo, « Patience », cinq ans après le précédent. Tous les liens pour l’écoute et l’achat sont disponibles sur le site officiel du compositeur.

C’est tout, je sais, c’est court, mais c’est la vie qui veut ça !

Bon week-end 🙂

Windows Subsystem for Linux 2.0, première étape vers un MS-Windows « 11 » qui ne portera pas ce nom ?

Microsoft est arrivé à la deuxième étape de sa stratégie du boa constrictor, celle où il s’étend avant d’étouffer sa proie.

Dans un article de NextInpact, on voit la politique de Microsoft qui lui a permis de garotter jadis OS/2 puis Netscape en pleine action.

Même si l’article est réservé aux personnes abonnées pour le moment, rien que le début est parlant et résume le noeud du problème :

Microsoft continue son offensive pour séduire les développeurs en travaillant sur des solutions open source et en intégrant Linux de manière croissante. Un nouveau Terminal arrive dans Windows 10 ainsi… qu’un noyau Linux complet, avec tous ses avantages.

Dans les dernières évolutions de Windows 10, Microsoft a montré un interêt particulier pour un élément jusque là délaissé : l’invite de commandes. Les changements étaient principalement techniques et en profondeur comme nous l’avions relevé dans un article sur l’alternative Cmder, préparant des changements plus visibles et importants.
[…]

Un article de ZDNet nous montre un autre aspect, la disponibilité d’un noyau linux LTS 4.19.

[…]
Lors de la première journée de sa conférence Build Developer, Microsoft a révélé qu’il avait créé un noyau Linux personnalisé, qu’il intégrera dans Windows 10, à partir des versions de test d’Insider livrées cet été. Ce noyau fournira les bases de la fonctionnalité WSL 2.0 de Microsoft. Ce sera la première fois que Linux sera inclus en tant que composant au sein de Windows, ont indiqué des responsables de Microsoft dans un article de blog du 6 mai.

Le noyau Microsoft Linux est basé sur la version 4.19 de Linux, qui est identique à celle utilisée dans le système d’exploitation utilisé par Azure. Le noyau sera entièrement open-source, ont déclaré des responsables. Microsoft prévoit d’ouvrir le code et de mettre à disposition de la communauté toutes les modifications apportées à son noyau.
[…]

En gros, petit à petit, Microsoft met en place les pièces du puzzle pour se fabriquer son MacOS-X à lui, à savoir une base unix (ou apparentée unix) avec une interface propriétaire.

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Vieux Geek, épisode 150 : Looking Glass, la preuve que les interfaces en 3D complète, ça fonctionne pas…

Quelques années avant Compiz et ses indispensables effets de fenêtres molles et son iconique cube, Sun Microsystems qui n’était pas encore racheté par Oracle proposa une interface 3D complète pour montrer les capacités et la puissance de Java.

Le projet s’appelait Looking Glass. C’était plus une preuve de faisabilité qu’un environnement utilisable au quotidien.

En farfouillant sur ArchiveOS, j’ai pu mettre la main sur un des derniers liveCD qui permettait de s’amuser avec Looking Glass, LG3D.

Après avoir récupéré l’image ISO, j’ai configuré VirtualBox pour qu’il me permette d’enregistrer la vidéo ci-après.

Comme vous avez pu le voir – et si votre estomac a tenu le choc – c’était complètement à l’ouest en terme d’ergonomie. Bon, c’est vrai, l’émulation n’a pas aidé pour la vitesse, mais c’était pas franchement la joie au final.

On comprend pourquoi les interfaces en 3D n’existent – principalement – que dans les films de science fiction, maintenant 🙂

Le soft hopping, un argument fallacieux pour « justifier » l’utilisation de logiciels abandonnés en amont ?

J’adore les commentaires de mon blog, surtout quand ils sont critiques, qu’ils m’accusent de jouer sur le mots et autres argumentations qui sentent bon le souffre 🙂

Dans un commentaire, j’ai appris l’existence d’un néologisme qui est à mes yeux une justification pour l’utilisation de logiciels abandonnés en amont que l’on trouve souvent sur les distributions fixed releases plutôt conservatrices. Je tiens à remercier Palatino pour le terme exprimé dans le commentaire suivant que je cite intégralement.

Après le « distro-hopping, expression d’une insatisfaction chronique ? », le « soft-hopping », ou la nécessité d’avoir toujours la dernière version du logiciel, que ce soit utile ou pas.

Je rejoins le commentaire de dec: « Tu fais tjrs la course aux dernières versions même si elle ne t’apporte rien dans l’absolue ».

Je dois dire que ce commentaire a été source d’une réflexion que je vous livre ici. Je tiens à préciser que je ne pense pas avoir toujours raison. Si c’était le cas, cela ferait longtemps que je me serai lancé en politique pour décrocher le cocotier, à savoir le fauteuil de président de la République.

Sur le plan pratique, avoir un logiciel supporté par l’équipe de développement, cela permet plusieurs choses, entre autres :

  1. avoir une forte certitude que les bugs que l’on peut rencontré à l’utilisation seront corrigés
  2. avoir la possibilité de rapporter un bug sans se faire envoyer paître par les développeurs avec l’argument du « on ne supporte plus cette version, démerdez-vous ! » exprimée de manière plus diplomatique
  3. être à peu près certain que les failles potentielles de sécurité dévoilées seront prises en compte
  4. en cas de nécessaire compatibilité avec des formats fermés d’avoir un meilleur support avec le monde extérieur

Il est évident que certains logiciels sont parfois un peu frais et que ça peut merder. Mais entre un logiciel un peu trop frais et un qui ressemble à une momie en voie de fossilisation, il y a un juste milieu à trouver, non ? 🙂

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En vrac’ de fin de semaine…

Comme chaque fin de semaine, l’habituel en vrac…

Côté logiciel libre, informatique et internet.

  • Dans la série « tiens elle est encore en vie, tant mieux pour elle », je demande la SuperX 5.0 dont la précédente version datait de… mars 2015 ou quelque chose de ce style 🙂
  • La DGLFI de la semaine, la Black Web, énième clone de la Kali Linux… Youpi !
  • En dehors de l’avalanche d’annonces liées à la sortie de la version 30 de la Fedora, une distribution pour geeks – qui est intéressé dans le grand public par un système de paquets transactionnels ? – soutenue par la FSF, j’ai nommé la GuixSD 1.0.0.

Côté culture ?

C’est tout, je sais, c’est court, mais c’est la vie qui veut ça !

Bon week-end 🙂

Le blues du « rollingiste »…

J’utilise le néologisme de rollingiste pour désigner toute personne ayant décidé de passer à une distribution en publication continue ou rolling release pour ne pas avoir tous les 6 mois à 2 ans à faire une sauvegarde complète de ses données pour éviter de tout perdre à la montée en version majeure de sa distribution chouchoute.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer, j’ai l’impression que les distributions fixed sont un brin dépassée par l’accélération des sorties logicielles. Un rythme de publications semestrielles rend difficile de suivre la sortie des logiciels : un nouveau Gnome ou Plasma ou LibreOffice tous les 6 mois, un nouveau Chromium ou Mozilla Firefox tous les deux mois en moyenne…

Sans oublier l’évolution rapide des autres couches logicielles : un nouveau noyau Linux qu’il soit LTS ou pas tous les deux mois. J’ai l’impression qu’on assiste à une sorte de cycle mystique annuel voire pluri-annuel :

  1. Fin avril et fin octobre de chaque année, on a la tétrachiée habituelle d’articles sur les dernières Ubuntu, même si elles n’apportent plus trop d’évolutions.
  2. Un mois plus tard après la Ubuntu, c’est au tour de la Fedora Linux
  3. Tous les deux ans, en juin, c’est au tour de la Debian de sortir sa nouvelle version majeure

On est dans un train-train qui me donne plus envie de bailler qu’il ne me donne une érection technique… Sans oublier les distributions qui sortent entre temps mais qui n’ont plus trop d’intérêt par rapport aux distributions mères et leurs filles directes.

Prenons par exemple la dépêche sur la sortie de la plus que dynamique Fedora 30. Si on regarde, les révolutions sont modestes. C’est plus de l’évolution au final. En dehors de gcc9, on a Gnome 3.32.x, la glibc 2.29, boost 1.69, java 12, php 7.3, qui sont déjà tous disponibles sur Archlinux et Manjaro, qui sont les principales rollings releases.

On pourrait faire la même remarque pour Mate-Desktop, Lxqt, Deepin ou encore Xfce. Du réchauffé pour les personnes qui sont passées sur des bases rolling releases.

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Guide d’installation d’Archlinux, version de mai 2019.

Voici la soixante-sixième version du tutoriel pour installer une Archlinux, que ce soit avec une machine virtuelle, utilisant un Bios ou un circuit UEFI. Cette version rend obsolète celle de avril 2019.

Note : des versions plus dynamiques sont disponibles sur mes espaces github et framagit.

Pour les captures d’écran, je suis parti d’une image ISO intermédiaire créée avec l’outil Archiso. Au moment où j’envoie l’article en ligne, le 1er mai vers 8 h 30 du matin, l’ISO de mai 2019 n’est pas encore disponible.

Si vous avez besoin d’une image ISO en 32 bits, le projet archlinux32 vous en proposera une.

Côté environnements : Gnome 3.32.1, Plasma 5.15.x, Xfce 4.12.0 et Mate-Desktop 1.22.0 en gtk3, Cinnamon 4.0.10 et Deepin 15.10.

NB : si vous voulez faire une installation avec l’UEFI, il faut utiliser cgdisk, gfdisk ou gparted, et créer un partitionnement GPT. Sinon, ça plantera !

Ce n’est pas un tutoriel à suivre au pied de la lettre, mais une base pour se dégrossir. Le fichier au format zip contient :

  • La version odt
  • La version pdf
  • La version ePub
  • La version mobi (pour Kindle)

Le guide en question est sous licence CC-BY-SA 4.0 à compter du mois de mai 2016.

Bonne lecture et n’hésitez pas à me faire des retours en cas de coquilles !

Les projets un peu fou du logiciel libre, épisode 23 : le Katana Desktop Environment.

Dans le monde du logiciel libre, il y a de nombreux environnements de bureau principalement Gnome, Plasma et Mate-Desktop, et des gestionnaires de fenêtres par paquets de douze. Je vous renvoie à la page du wiki d’Archlinux, c’est presque sans fin !

Il y a aussi la volonté de faire vivre des anciennements environnements, que ce soit KDE 3 via le Trinity Desktop Environment ou Gnome 2 via Mate-Desktop. KDE 4 n’échappe pas à cette volonté et c’est ici qu’intervient le projet Katana Desktop Environment.

C’est un projet lancé par Ivailo Monev alias fluxer. Sur son dépot git, ce développeur a décidé de reprendre KDE mais en l’allégeant. À l’origine, c’était pour la défunte Entropy Linux née sous le nom de Less Systemd Linux.

Le projet avance lentement, mais il est enfin compilable et lançable sur une base moderne. En effet, on peut trouver des fichiers PKGBUILD pour les distributions de la famille Archlinux.

Aucun paquet précompilé n’étant disponible, il faut y aller la mimine pour avoir un aperçu de ce travail en cours. Je suis parti d’une base Archlinux installée manuellement et j’ai fait compiler les paquets dans l’ordre suivant.

  1. ariya-icons
  2. strigi
  3. katanalibs
  4. katana-baseapps
  5. katana-workspace
  6. qimageblitz
  7. qca-qt4
  8. eigen2, en provenance d’AUR
  9. katana-extraapps
  10. katana-l10n

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Le monde du libre actuel part en couilles ? Bonus n°4 : vouloir faire « cavalier seul », maladie du logiciel libre ?

Attention, « article vieux con qui pensait que c’était mieux il y a une quinzaine d’années » à suivre. Maintenant que l’annonce a été faite, attaquons le coeur du problème.

Depuis une grosse quinzaine d’années, j’ai pu constater la montée en puissance d’un individualisme qui est contraire à un des fondements du monde libre : la coopération, remplacée par la concurrence à tout crin.

En clair, tout l’opposé qui avait permis au noyau Linux de connaitre sa première version en moins de trois ans après le lancement du projet. J’ai déjà eu l’occasion de parler ad-nauseam des forks compulsifs qui donneront naissance à des projets qui ne vivront parfois que quelques semaines ou quelques mois.

Un des articles que j’ai bien aimé écrire sur cette utilisation abusive du fork date de novembre 2014, auquel je vous renvoie donc la conclusion est la suivante, toujours aussi vraie plus de 4 ans et demi après.

Chacun voit midi à sa porte, et je continuerai de dénoncer les forks compulsifs. Ce n’est pas en ignorant un problème lié à l’abus d’une composante du logiciel libre qu’on le résoudra.

Mais, c’est vrai… Je ne suis que l’emmerdeur de base, l’utilisateur final, somme négligeable au final 🙂

Mais j’ai envie de parler d’une volonté qu’on peut voir de temps à autre, celle de vouloir faire cavalier seul contre le reste du monde libre en espérant imposer son point de vue par la force. Oui, en gros, faire son Microsoft.

Il y a une boîte qui a fait énormément de bien pour la démocratisation du libre qui est l’exemple même de cette politique de cavalier, c’est Canonical. Oui, la maison mère d’Ubuntu. Avant que certaines personnes ne sortent les haches, les torches et les cordes pour me lyncher, je tiens à préciser que j’ai apprécié ce qu’à fait la boite de Mark Shuttleworth durant les années 2004-2009. Depuis c’est moins le cas.

On peut citer au moins trois tentatives pour imposer ses solutions qui se sont viandées. Chronologiquement ?

  1. Upstart (2006-2014)
  2. Unity (2010-2016)
  3. Mir en tant que remplaçant de Wayland (2013-2017)

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