Les distributions GNU/Linux « Michu-compliant », un secteur presque mort-né ?

Il y a plusieurs tendances lourdes dans le monde des distributions GNU/Linux. Il y a les distributions pour puristes, qui chassent le moins logiciel non-libre parfois au prix d’être inutilisable dans la vie quotidienne.

Il y a aussi les distributions austères qui s’adressent plus aux personnes qui – comme moi, et je plaide coupable – cherchent des environnements plus modulaires, au prix de l’utilisation d’installateur en mode texte, ce qui est le meilleur moyen d’effrayer l’utilisateur de base.

Et – si l’on sort les distributions spécialisées dans des domaines précis comme les serveurs, les environnements de jeux ou encore les outils de sécurité – les distributions que je qualifie de « Michu-compliant ». En gros, des distributions qui se veulent utilisables et surtout effrayer le moins possible le débutant en lui cachant la complexité inhérente à l’informatique.

Dans ce domaine, on trouve de très bonnes distributions, comme la dernière mouture de la OpenSuSE, Ubuntu (et sa tripotée de dérivées), Linux Mint, et pour les utilisateurs plus avancé, des projets comme la Manjaro Linux ou encore la Chakra Linux. Et pour les fans de distributions communautaires, ne pas oublier la vraie descendante utilisable de la Mandriva Linux, j’ai nommé la Mageia Linux.

Le but honorable de ce genre de distributions est de proposer une base solide, en clair en se basant sur l’unix-like qu’est Linux, et en rajoutant des outils graphiques dans un environnement graphique.

Et surtout, pour éviter d’effrayer le débutant, le minimum, voire aucune interface en ligne de commande.

C’est louable, car cela permet à la personne qui n’y connait rien la possibilité d’utiliser un environnement différent sans se prendre la tête. Cependant, il reste quelques points noirs : rajouter le support des contenus non-libres est souvent un casse-tête.

Nous ne sommes pas encore dans un monde où le HTML5 a tranché la gorge du greffon flash, et où le format ogg – à qualité d’encodage équivalente ne fait gagner que 10% en taille dans le meilleur des cas – a bouté le format mp3 hors des disques durs des utilisateurs.

Sur ce marché de niche, la concurrence est rude. Ubuntu a longtemps régné en maîtresse absolue, et certaines de ces décisions sont de plus en plus chahutées. Il suffit de voir le bruit généré par l’arrivée du projet Mir, qui ne fait que segmenter encore un peu plus le monde des distributions GNU/Linux.

Cependant, la concurrence est encore plus rude si on prend le système qui a été le pionnier dans l’idée de mélanger la puissance d’un système unix avec une interface graphique « Michu-compliant ». Et oui, il faut appeler les choses par leur nom, et parler de MacOS-X.

Même si sa base libre est dérivée de FreeBSD du nom de Darwin, c’est le système unix avec interface graphique la plus répandue.

Même si les machines sont hors de prix, et qu’il n’est pas impossible que dans le but de faire converger l’ensemble de ses produits, Apple ne prépare pas dans un de ses laboratoires des machines à base de processeurs ARMs, c’est l’OS qui a compris dès le départ que la martingale était : base unix avec interface bien léchée.

Qu’on me comprenne bien : je trouve louable de faire des distributions qui cache la complexité des couches inférieures pour permettre aux utilisateurs d’avoir des machines fiables sans ajouter une palanquée d’anti-machins divers comme sous MS-Windows.

Même si le point faible de rajouter des surcouches graphique partout finit par tomber dans de la complexité au grand dam de la simplication que l’on veut défendre ici.

Cependant, vu la position dominante de l’entreprise fruitée dans ce domaine, c’est limite mission impossible. Cela ne veut pas dire que le combat ne mérite pas d’être mené, mais il faut rester réaliste. Les distributions GNU/Linux resteront un marché de niche, quelque soit l’acteur qui veuille l’en faire sortir.

Et c’est bien dommage. Surtout pour la diversité logicielle, une des sources de la sécurité au final.