Kodak, industries de l’inculture, même causes, mêmes effets ?

On a appris cette semaine que Kodak, pionnier dans l’histoire de la photographie se mettait sous la protection de l’article 11, en clair, se mettait en faillite pour ne pas être ennuyé par ses créanciers, le temps de rebondir.

Kodak, c’est quand même un grand nom. Qui n’a jamais vu un appareil photo argentique kodak dans sa vie. Pour les djeunes, l’argentique, ce sont des photos prises sur un film, appellé pellicule. D’ailleurs, c’est George Eastman, fondateur de Kodak, qui mit au point l’une des premieres pellicules souple.

Et c’est ici que se trouve le noeud du problème. En 1975, les laboratoires de recherches de Kodak mette au point le prototype d’un appareil photo révolutionnaire, car numérique.

Evidemment, nous sommes en 1975, Apple n’est pas encore né (ce sera le cas l’année suivante), et le prototype est monstrueux :

Il était composé d’une optique de caméra Super8, un enregistreur de cassette, 16 batteries, un nouveau capteur CCD et divers composants électroniques pour relier tout ça.

L’appareil capturait une image avec une résolution de 100 lignes grâce à son capteur et envoyait les informations sur une cassette en 23 secondes.

Mais comme tout prototype en avance sur son temps, celui-ci accueillit avec un grand scepticisme. Comme le fut l’interface graphique, bien que rudimentaire pour ordinateur mise au point au centre de recherches de Xerox.

Et la démo en question :

Kodak ne vit pas quelle était la révolution qui était en marche. A vrai dire, les premiers appareils photo numérique ne sortirent que dans les années 1990. Et Kodak se mit à vivre sur sa rente, la pellicule photographique.

Quand Kodak s’est aperçu la montée en puissance de la photographie numérique, il était déjà trop tard. La concurrence avait pris conscience que la photographique numérique était un marché porteur, et que la numérisation était l’avenir de la photographie.

Ce qui est vrai pour Kodak l’est aussi pour les industries de l’inculture, que ce soient les majors du disques ou du cinéma.

Depuis l’explosion d’internet, la culture s’est numérisée. Les rentes de situations qu’ont été le passage du vynil à la cassette puis au CD et de la VHS au DVD ne pouvait pas durer éternellement.

Que les ventes aient baissées et que la copie illicite soit en partie responsable, je ne le nie pas, mais c’est vraiment marginal.

Le problème, c’est l’introduction de barrières artificielles sur les fichiers numériques musicaux ou vidéos.

Dès 2001, avec Napster et sa chute, l’industrie de l’inculture a mis en place des mesures restrictives toujours plus rejettée : DRMs, lois à tendance liberticides qui veulent faire condamner mécaniquement les personnes qui ont écouté des albums pour parfois les acheter, en sautant l’étape d’un procès devant un tribunal : DADVSI et Hadopi par exemple.

Mais un autre problème, c’est le prix. Pour continuer de vivre avec une rente de situation, les industries de l’inculture nous ont sortis des versions remasterisés d’albums vieux parfois de plus de 30 voire 40 ans. Des albums dont les frais de productions ont été plus que rentabilisés sont vendus plus cher que les nouveautés.

Quand je vois les albums remastérisés des Beatles dont le premier aura 50 ans l’année prochaine, vendu 13 à 15 € pièce, ça me fait mal quelque part.

Il faut bien entendu faire vivre les artistes, mais 15€ un album enregistré il y a 50 ans… Y a pas comme une couille dans le potage ?

Et le plus marrant, c’est le coût de vente des albums uniquement numérique, parfois aussi cher que la version physique, alors qu’il n’y a pas les frais de pressage de galettes, d’impression de jacquette… Y a pas comme une couille dans le potage ?

Les intermédiaires pour se faire connaître ont changés. La preuve avec : Justin Bieber (qui finalement aurait mieux fait de ne pas utiliser l’internet), les Artic Monkeys, Adele, Lily Allen, etc.

Personnellement, j’achète encore des CDs, mais j’évite comme la peste les industries de l’inculture musicale qui veulent imposer leur modèle économique obsolète basé sur la rareté à un monde d’abondance.

Mon dernier achat ? J’ai payé 18$ (environ 13,90€) pour le deuxième album de Hudson, « Crimson ». Et je ne le regrette pas. D’ailleurs, j’ai un barème pour acheter un album auprès de son auteur : 7$ / 7€ pour une version numérique, 12$ / 12€ pour une version physique en supplément.

Je finirais cet article en citant l’économiste très communiste, Joseph Schumpeter :

Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner. (Théorie de l’évolution économique)

Et il est à l’origine d’une théorie révolutionnaire : la destruction créatrice, qu’on peut résumer par : l’adaptation de l’économie et des entreprises aux évolutions technologiques, donc, s’adapter ou disparaître.

Bonne journée 😉

4 réflexions sur « Kodak, industries de l’inculture, même causes, mêmes effets ? »

  1. Kodak semble avoir quasiment toujours raté le coche. Mais le monde des brevets et inventions est un monde impitoyable. Ça fait des années que les industries font le bonheur (et remplissent le portefeuille) des avocats spécialistes de la propriété intellectuelle. Kodak est assis(e) sur une mine d’or avec ses brevets mais n’a pas pu/su en faire profit. Apple, Research in Motion Ltd. et HTC Corp refusent toujours de payer leurs royalties à Kodak. Maintenant, Kodak va devoir en vendre environ 10% pour payer ses dettes. Et qui va acheter ces brevets?…

  2. 2è vidéo :
    « The visitors from Apple saw a computer that was designed to be easy to use, a machine that anybody could operate and find friendly…even the French. » !!!

    1. C’est lié à la guéguerre du premier micro-ordinateur. En 1972, R2E, jeune société française dirigée par André Truong Trong Thi, propose l’ordinateur Micral. C’est le premier à utiliser un micro processeur :

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Micral

      L’Altaïr, sorti en 1975 sera le premier micro-ordinateur commercial, deux ans avant un certain Apple II (1977-1988)…

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Altair_8800

      Je te conseille le film « triumph of the nerds » qui parle de l’informatique des années 1970-1980. Ou comment Xerox a manqué l’occasion de devenir l’IBM ou le Microsoft des années 1990.

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