De la sexualisation de tout et n’importe quoi et de l’entretien des stéréotypes sociaux.

Quand je vais faire mes courses alimentaires deux fois par semaine dans l’hypermarché du coin, j’ai tendance à constater qu’il y a une sexualisation croissante des produits.

Si certains produits sont par définition attribuables et destinés à un des deux sexes biologiques, on peut tomber sur des hérésies notoires. L’exemple le plus parlant, je l’ai trouvé sur ce compte twitter début décembre 2015.

On sent qu’on est tombé dans le marketing au sens le plus ignoble du terme. Tout pour se faire du pognon. À quand le papier toilette sexualisé ? On n’en est plus très loin, non ?

Mais cela répand encore plus les stéréotypes qu’on attribue aux deux sexes biologiques. Pour rester dans les trois premiers critères ? Sexe féminin : douceur, retenue, soumission. Sexe masculin : violence, explosif, dominateur.

Ce qui est plus que faux. Si c’était un caractère vrai de tout temps, dans ce cas, il n’y aurait jamais eu de nombreuses femmes célèbres dans l’histoire humaine. Vous voulez des exemples ? J’y viens.

Allons-y par ordre chronologique. Durant l’Antiquité, on peut citer au moins deux femmes qui ont été Pharaon : Hatshepsout, 18ième dynastie née vers 1508 et morte vers 1457 avant notre ère. Elle a régné entre 1479 et 1457 avant notre ère.

Il serait impardonnable d’oublier Cléopâtre VII (69 à 30 avant notre ère), dernière reine Pharaon.

Toujours dans l’antiquité, comment oublier la mère de Néron, Agrippine la Jeune (15 avant notre ère – 59 de notre ère) immortalisée par Racine dans la pièce de théâtre « Britannicus » ?

Si on va dans l’époque médiévale. On peut commencer avec la guerre entre Frédégonde (545-597) et Brunehaut (547-613) qui se régla à grand coup de meurtres et autres joyeusetés de ce style ?

Passons quelques siècles, et on tombe sur la plus célèbre Duchesse d’Aquitaine, une certaine Aliénor (1122-1204) qui a été à l’origine très lointaine du conflit connu sous la guerre de Cent Ans.

Marié au fallot et bigot Louis VII, le mariage fût dissous à la suite d’un incident intervenu lors de la deuxième croisade. Ici, je vous renvoie à l’excellent épisode de Confession d’histoire.

Au XIIIème siècle ? Les femmes fortes (et donc contredisant le stéréotype de la femme faible) sont encore présentes. Deux exemples me viennent à l’esprit : Mahaut d’Artois (1268-1329), belle-mère des rois de France Philippe V et Charles IV. Ou encore la soeur des trois derniers capétiens directs, j’ai nommé Isabelle de France (1295-1358). Honte à moi d’oublier Blanche de Castille (mère de Louis IX alias Saint Louis).

On arrive à la guerre de Cent Ans. Bien entendue, il y a Jeanne d’Arc (1412-1431), mais aussi Isabeau de Bavière (1371-1435) qui via le traité de Troyes de 1420 déshérite son fils du trône de France.

Au XVIème siècle ? Deux noms : Diane de Poitiers (1499-1566) et la tristement célèbre Catherine de Médicis (1519-1589). Si on va outre-manche, comment oublier Elisabeth Ière (1533-1603), fille d’Henri VIII connue pour avoir été fait exécuter deux de ses épouses (une décapitée, l’autre pendue, éviscérée et démembrée) ?

Je pourrais encore citer d’autres femmes célèbres, comme l’épouse morganatique de Louis XIV, Françoise d’Aubignée plus connue sous le nom de Madame de Maintenon (1635-1719), Charlotte-Élisabeth de Bavière alias la Princesse Palatine (1652-1722).

Où encore les révolutionnaires Olympes de Gouges (1748-1793), Manon Roland (1754-1793) ou plus tard Louise Michel (1830-1905).

Comment oublier George Sand de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin (1804-1876), Sidonie Gabrielle Colette (1873-1954), Maria Salomea Skłodowska connue sous nom marital de Marie Curie (1867-1934) ?

J’ai dû oublier des dizaines de femmes célèbres, mais toute cette liste n’a qu’un but : montrer que les stéréotypes qu’on colle à une personne en fonction de son sexe biologique, c’est de la bétise pure et dure.

Comprenne qui pourra… Ou plutôt qui voudra ! Alors qu’on arrête de sortir à tout bout de champ que les filles sont douces, soumises, etc… C’est ultra-faux. C’est juste du conditionnement social et rien d’autre. N’en déplaisent aux défenseurs de conventions qui existerait depuis la nuit des temps.

15 réflexions sur « De la sexualisation de tout et n’importe quoi et de l’entretien des stéréotypes sociaux. »

    1. En effet. J’ai oublié pas mal de femmes célèbres : la Reine Victoria, Indira Gandhi, Florence Nightingale, Ada Lovelace, Jane Austen pour ne citer que les premiers noms qui me sont venus à l’esprit.

  1. Je comprends l’énervement de cet article, mais je ne suis pas surpris.
    Les femmes citées sont des exceptions qui se sont imposées parmi la majorité d’autres femmes qui reste bien plus discrète.

    De plus, il suffit de voir les acteurs dans l’audiovisuel (présentateur de JT, météo, acteur de cinéma, chanteur …) On a beau dire les femmes ne sont pas des dindes, qu’elles ne sont pas soumises, la majorité bave devant une bande de bogosses fraichement sortie de la classe de 3 ème.
    Sans parler des films holywoodiens …

    Ça peut sembler sexiste, mais il en est de même pour les hommes, comment expliquer sinon le succès de « films pour mec » le sexe masculin est envahi de testostérone qui justifie des divertissements beauf (chasse, beuverie …)
    Si vous en doutez, observez le nombre de vues des sites pornos, est-ce que c’est une pratique très noble?

    Je suis d’accord avec Frederic Bezies qu’à priori, aucun sexe n’est réellement soumis et que les sociétés publicitaires font des coups bas sur ce sujet, mais une fois que des groupes se forment, là, les mentalités évoluent rapidement et les comportements les plus primitifs refont surface, peu importe le sexe.

    Je pense que ce qui agit beaucoup sur le comportement vient plutôt d’un mélange entre les fréquentations à un moment donné et les expériences vécues.
    Une fille qui a grandi avec 2 frères par exemple sera plus masculine qu’une qui a grandi avec des soeurs uniquement.

    Aussi, il est normal que Jeanne d’Arc, en ayant assisté à des massacres très jeune, ait été motivée pour la guerre, mais un homme mis dans les mêmes conditions aurait certainement réagit de la même façon.

    Il y a quand même du progrès peu à peu avec de plus en plus de mouvements égalitaires (des acteurs de milieu sexiste commencent à s’exprimer sur ce sujet et souhaitent l’égalité) mais il y a encore du travail.

    1. Pour répondre sur le caractère de douceur des femmes, un proverbe libanais dit : « Les romains gouvernaient au Monde, les femmes gouvernaient aux romains ». (True Story Bro !) En apparence, dans les cultures méditerranéennes, l’homme est le maître de sa maison, mais en réalité, c’est la « Mama » qui tient le pouvoir ^^

  2. « C’est ainsi que l’homme veut que la femme soit douce, mais la femme, comme la chatte, est par nature rien moins que douce, si habile qu’elle soit à se donner les apparences de la douceur. » Nietzsche – Par delà le Bien et le Mal.

    1. « « C’est ainsi que l’homme veut que la femme soit douce, mais la femme, comme la chatte, est par nature rien moins que douce, si habile qu’elle soit à se donner les apparences de la douceur. » Nietzsche – Par delà le Bien et le Mal. »

      Disons que les femmes en général (il y aura toujours des exceptions) les femmes ont tendance à être plus subtiles dans leur vengeance (rabaissement moral, rumeur méchante …) dans leur méchanceté que les hommes (conflits plus directs : bagarre, destruction physique d’objet …)

      Après, il y a toujours des hommes et des femmes d’exception, et heureusement !

      Il n’y a pas d’un côté les hommes bourrins et de l’autre les diaboliques femmes, mais le domaine de la publicité ne fait que rarement preuve de civisme …

    1. Oui, genrer, donner un genre. Un néologisme bien français, contrairement aux très nombreux autres ces dernières années quasi-exclusivement débarqués de l’anglais.

      1. Petit parenthèse : quand on sait qu’environ 40% du vocabulaire anglais est issu de l’ancien français, au final un néologisme anglais a 40% de chance d’être en réalité un néologisme français ;).

  3. La lecture de cet article me rappelle l’excellent ouvrage de Guy Breton : Histoires d’Amours d’Histoire de France. Une douce et sordide promenade à travers les siècles relatant entre autres de l’influence omniprésente de Blanche de Castille qui a poussé le pieu roi st Louis a partir en croisade pour pouvoir mettre au pieu sa Marguerite sans sa daronne teneuse de chandelle, aux frasques Tour de Nesliennes relatées dans les poèmes de Villon « Ballade des Dames du temps jadis ». L’influence des femmes dans l’Histoire est plus qu’essentiel et ne se résume pas à ces célèbres clichés.
    C’est pourquoi des bobos issus de la mouvance Terra-nova considèrent que la Femme et l’Homme sont égaux en tout point et ne doivent former qu’un genre « humain »….
    C’est pour ça qu’on trouve dans le commerce du PQ Rose pour qui le veut et du PQ bleu pour qui en veut aussi sans aucune distinction, puisque le taux de TVA est rigoureusement identique.

    1. Sans oublier les deux tomes « Histoire des Françaises » d’Alain Decaux. Le premier intitulé « Le Combat » va de l’antiquité à la fin du règne de Louis XIV. Le deuxième « La Révolte » qui va du règne de Louis XV jusqu’à 1945.

      Ce qui est par contre criticable, c’est sur certains produits d’hygiène corporelle neutre, comme les rasoirs qui sont parfois deux fois plus chers pour les femmes que pour les hommes alors que le but est le même : mettre sous coupe réglée la pilosité 🙂

      1. Discuter du marketing ou de savoir qui est le véritable soumis entre l’homme et la femme est, à mon sens, semblable aux discussions sur les gouts et les couleurs préférées. Chacun ira de sa théorie, qui est forcément véridique, tout en tentant de convaincre l’autre en restant sourd aux argumentations adverses.

        Mais ce n’est pas pour ça que je souhaite répondre, c’est sur la question de prix entre les produits féminins et masculins. Des féministes (ou des gens se prétendant comme tel) ont «gentiment» (dans le ton habituel donc) demandé à une enseigne la raison de la différence des prix. La raison avancée par l’enseigne est simple; Les hommes utilisent plus de rasoirs ce qui permet d’acheter de plus grosses quantités et donc de diminuer les prix tandis que les femmes achètent plus de soins pour le corps.

        Ils ont aussi suggérés que rien n’empêchait une femme d’acheter un rasoir jetable pour homme (non pas qu’ils soient bon de toute façon…) et un homme des soins pour femme (que je trouve meilleurs que les équivalents «pour homme», ah !, égalité, quand tu me tiens !) 🙂

        1. C’est vrai que la pilosité masculine et féminine est si différente qu’elle nécessite d’utiliser deux chaines de fabrication différentes pour les lames et l’assemblage des rasoirs. De la bonne grosse mauvaise foi marketing, donc.

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