« 36-15 my life » : Être écrivain amateur, ce n’est pas une sinécure.

Comme vous le savez si vous me suivez plus ou moins sur cet humble blog, j’ai l’audace de me considérer comme un écrivain amateur, et je tiens à cet adjectif qualificatif. Je suis loin de l’image du professionnel qui peut passer la journée derrière son clavier à pisser du texte au kilomètre. Je passe souvent des périodes de grands creux, qui peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Ce qui explique parfois la profusion d’articles sur le blog 🙂

Pour tout dire, en dehors de mes écrits en libre accès et les deux premiers tiers de ma saga de science fiction dystopique auto-édité, j’ai au moins deux projets sur le feu. Les deux sont encore en brouillon, et arrivent à la terrible soixantième page.

C’est pour moi, quand j’ai la paix mentale et sociale, le résultat d’environ trois semaines de travail, tard le soir, soit sur mon ordinateur portable, soit sur mon eeePC. J’applique quelques principes tirés du NaNoWriMo, en le rendant plus vivable pour un écrivain amateur : 1000 mots par jour, 6 jours par semaine.

Essayez de faire cela sur une semaine, et vous verrez que cela n’est pas si évident qu’on pourrait le penser au premier abord. Outre le fait que cela demande une forte consommation de produits contenant de la caféine, il faut aussi pouvoir se poser, se mettre dans une ambiance de travail propice. Pour moi, c’est avec de la musique, parfois dans le plus simple appareil pour être à l’aise, avec du chocolat en quantité industrielle à portée de main.

La soixantième page est celle où on commence à se dire : où j’en suis ? Ai-je respecté les idées de départs pour mes personnages ? Est-ce que je prends du plaisir à rédiger l’histoire ? Dois-je la poubelliser sans autre forme de procès ? Ai-je besoin de rédiger un texte plus court pour me ressourcer ?

C’est aussi la période à laquelle je m’occupe des textes que j’ai laissé décanter. Je m’attaque à la relecture, activité qui est horrible pour enlever le superflu. Pour le dernier tiers de ma saga de SF, j’en suis déjà à la cinquième relecture, dont une faite par une personne proche. J’espère que ce sera la dernière. Le plus dur sera de trouver une couverture sympathique. Rédiger le quatrième de couverture, et lancer le processus de l’auto-édition.

Je dois dire que quand j’ai travaillé pour Larousse, premier contrat de travail que j’avais signé depuis un certain temps, c’est l’éditeur qui s’était occupé de la mise en page. Je n’avais qu’à fournir le manuscrit terminé, et ils s’occupaient du reste. Bien entendu, j’avais touché une somme somme toute confortable pour un premier contrat avec une grosse maison d’édition. J’ai reçu récemment mon relevé de droits d’auteurs pour l’année 2014, sachant que le livre est sorti en octobre 2014. Je ne faisais pas de grande illusions.

Je n’ai pas été étonné de voir l’énorme somme que je devais recevoir en droit d’auteur : 0 € 🙂

Avec mes faibles revenus en terme d’auto-édition, je peux simplement dire que pour le moment, j’en suis à un peu de 50% des frais amortis. Donc, mon premier bouquin est amorti. Si tout se passe bien, d’ici la fin de l’année, le second livre sera aussi amorti 😉

Ce n’est pas si mal alors que je ne bénéficie pas de la force de frappe médiatique d’une grosse maison d’édition.

Je suis dans le même cas que certain(e)s collègues qui s’auto-éditent : Jérome Dumont, Isabelle Rozenn-Mari, Wendall Utroi (qui vient de sortir son nouveau bébé) ou encore Christelle Morize.

Désolé si j’en ai oublié un(e) ou deux au passage, j’ai parfois la mémoire qui flanche. Un début d’alzheimer plus que précoce ? 😉

Nous sommes dans l’obligation d’être nos propres « propagandistes » (même si le terme n’est pas le plus adapté ici) pour nous faire connaître. Autant dire que parfois, c’est lassant de devoir toquer à toutes les portes pour parler du dernier fruit de notre cervelle plus ou moins (d’ailleurs plus que moins, il faut rester honnête) torturée par des soirées entières de matraquage de claviers.

Tout cela pour dire que les personnes qui considèrent que raconter des histoire est chose facile se mettent un jour derrière un clavier et qu’elles fassent de même. Évidemment, la plupart des auteur(e)s auto-édité(e)s n’auront jamais de best-sellers, mais au moins, ces personnes auront accompli une chose : vivre leur passion, et dans le meilleur des cas, vivre de leur passion !

Je reste réaliste, en sachant bien que sauf coup de chance énorme, je serai toujours dans le premier cas énoncé dans la phrase juste au-dessus.

14 réflexions sur « « 36-15 my life » : Être écrivain amateur, ce n’est pas une sinécure. »

  1. Etre écrivain, tout court, n’est pas une sinécure.
    Cela dit, je suis entièrement d’accord avec toi, du fait de vivre de sa plume… dans les deux sens serait plutôt appréciable, je le reconnait.
    6000 mots par jour ? C’est une méthode très utilisée par de grands écrivains. 😉 Pour ma part, si j’arrive à boucler un chapitre dans la semaine (sachant qu’il peut aller jusqu’à 30 pages), je m’estime heureuse.
    Il ne fait aucun doute que ton deuxième bébé sera un grand succès. C’est tout le mal que je te souhaite. 🙂

    1. 6000 mots par semaine, pas par jour. Je fais des chapitres courts, quitte à les fusionner à la relecture. Et mon deuxième bébé ? Ce sera plutôt le quatrième, deux étant sortis, le troisième sur le point d’être prêt.

      Faudra juste que j’ai l’opportunité de finir ce projet complètement différent. Et je tiens au terme d’amateur, car il y a aussi l’amour de l’écrit qui s’y exprime !

  2. Il est certain qu’un tel projet doit mûrir afin de ne rien négliger et d’y trouver la meilleure organisation. Quand à l’écriture, c’est une question de méthode et pour cela à chacun la sienne. La promo est une des phases sans doute la plus difficile à appréhender pour un auteur de l’auto-édition. Cela nécessite réflexion, organisation et je pense un peu de chance. C’est là que peuvent intervenir les contacts, blogueurs et réseaux sociaux. Par contre, les auteurs qui font du forcing niveau promo sont loin d’avoir compris le long chemin qui leur reste à faire. Soigner sa communication est un autre point extrêmement important pour un auteur qui jouera toujours en sa faveur si le comportement va avec. Perso, je ne soutiendrai jamais un auteur qui ne parle que ventes, chiffres, classement ayant donc une communication trop commerciale. C’est voué à l’échec!
    Etre auteur est certes difficile mais reste un véritable plaisir pour ceux et celles écrivant.
    Bonne chance à toi pour le prochain bébé !

    1. Très belle remarque Agnès ! Il suffit de regarder un peu ceux que font les auteurs qui « marchent », outre leurs talents, ils ont développé une fidélisation de leur lectorat. Comment ? Grâce à des blogs, pages Facebook, salons, et souvent en développant plus le côté personnel que l’écrit lui-même.
      Mais, et tu le soulignes, il faut également une part de chance.
      Wendall

  3. Voilà ma propre expérience d’auteur amateur, si ça peut éclairer la tienne :
    J’écris depuis 2002. J’ai auto-publié 5 romans et un essai. J’écris chapitre par chapitre, des morceaux de 5 à 10 pages, lorsque je suis seul à la maison avec du temps devant moi, soit une fois par semaine seulement, pendant 3 à 4h.
    La diffusion est confidentielle, autour de moi principalement et un peu par le biais d’une plateforme d’échange avec monnaie virtuelle que j’ai créée (pas seulement pour y vendre mes bouquins, mais faut reconnaitre que ça permet de toucher un autre public ! Je recommande à tout auteur amateur de faire ce genre de truc, le pire, ce n’est pas de ne pas gagner d’argent, c’est bien de ne pas être lu). Je dois avoir vendu quelques centaines d’exemplaires grand maximum, je ne tiens pas les comptes régulièrement. Par ailleurs, tout est en Creative Commons librement téléchargeable, et mes bouquins papier vendus à prix coûtant. Zéro bénéfice, je considère que ce n’est pas mon métier et puis j’aime bien la philosophie libre.

    En lisant mon premier roman, certains m’ont dit « Il y a beaucoup de dialogue, tu devrais faire du théâtre ». Et je l’ai fait ! Et ça marche ! Parallèlement à mes romans, j’ai écrit des pièces, j’en suis à 7 scripts, que j’ai mis en ligne, toujours sous licence creative commons, sur le site Le Proscenium. Des troupes amateurs ont lu et sélectionné mes textes qui sont maintenant régulièrement joués avec plus ou moins de talent partout en France. Il m’arrive d’assister à des représentations comme ce week-end. Les retours sont très bons. Je profite de ces moments pour vendre mes bouquins pendant l’entracte, à la fin de la représentation. C’est extrêmement valorisant.

    J’ai depuis longtemps abandonné l’idée de vivre de mes écrits. Ce n’est clairement pas un objectif. Si un jour j’écris un truc génial et que ça prend de l’ampleur, j’aurai bien le temps de prendre des dispositions. Pour l’instant, je me contente de prendre du plaisir en écrivant, et en recevant les critiques (souvent positives) de mes lecteurs. C’est un plaisir intense que de faire vivre ses personnages, quand on commence à bien en percevoir les contours. Pour ma part, ce sont eux qui me dictent l’histoire. Souvent, je pars avec une idée en tête et j’arrive à toute autre chose. J’arrive à me donner des frissons en écrivant. Peut-être que personne ne les partagera jamais, mais ça n’a aucune importance, c’est toujours ça de pris. Tout le reste, c’est du bonus.

    1. Je n’ai rien à rajouter à ton commentaire, mis à part dire que je suis dans le même état d’esprit. J’écris pour le plaisir. Si je rentre dans mes frais, tant mieux, sinon, tant pis. Le plus important, c’est comme tu le dis le « plaisir intense que de faire vivre ses personnages, quand on commence à bien en percevoir les contours. »

  4. Je suis aussi auteur (semi-)amateur, avec quelques projets dans la besace, mais je n’arrive pas à structure mon écriture à ce point. Je peux passer des jours sans écrire une ligne (à part mes notes de blog quasi-quotidiennes) et, soudainement, me voici avec une idée dans la tête qui doit sortir, là, tout de suite.

    Pour ce qui est des revenus, j’ai récemment fait un petit bilant d’un de mes projets littéraires, publié depuis une année sous forme de feuilleton à prix libre et, sans faire une promo à tout casser, j’arrive à plus de €60 via dons directs (PayPal), Flattr et patronages Tipeee.

    Donc oui, c’est possible de gagner – un peu – sa vie par l’écriture en étant indépendant, mais c’est vrai que ça demande un investissement supplémentaire en termes de gestion de communauté. Comme disait Cory Doctorow, on ne devient pas riche en étant célèbre, mais on ne peut pas gagner de l’argent sans être connu.

    1. Pour la structuration de l’écriture, c’est quand je me force à écrire pour avancer sur un projet qui me tiens à coeur. Mais comme je l’ai précisé dans l’article, je peux passer plusieurs semaines voire plusieurs mois sans la moindre écriture « sérieuse », le blog me servant à entretenir mon cerveau.

  5. Un avis qui décrit très bien les problèmes que rencontrent les auteurs. J’ai vu la « manif » de pas d’auteur pas de livre au salon, ils étaient nombreux et l’accueil a été chaleureux car partagé par un grand nombre. J’ai la chance de passer un peu à travers les gouttes, mais cela reste du domaine de la rareté, et impossible d’imaginer en vivre. Je faisais partie du jury pour le speed dating des nouveaux auteurs. Et crois-moi, les talents ne manquent pas !
    Wendall

    1. Je ne me fais aucune illusion sur la possibilité de vivre un jour de ma plume. Elle est proche de moins l’infini en restant très optimiste 😉

      Le problème n’est pas d’avoir du talent, mais de pouvoir se faire connaître.

  6. Enfin, un peu de temps pour répondre à ton article !
    Je vois que tu es organisé pour écrire en tout cas, c’est une bonne méthode.
    Pour ma part, je rame comme une malade pour tout concilier, mon boulot, mes enfants, ma maison et… l’écriture !
    Je n’arrive à écrire que lorsqu’il n’y a personne chez moi, autant dire que c’est une rareté ! Mais je ne travaille pas souvent le vendredi, c’est donc là que j’écris. Maintenant, comme il peut se passer une, voire deux semaines entre deux séances, je perds souvent le fil !
    Pour Avant les Ténèbres et L’Oubli, j’ai bénéficié de deux mois complets à la maison pour aller jusqu’au bout du projet, et écrire tous les jours, c’est absolument génial !
    En général, j’écris entre 10 et 25 pages par jour, j’ignore combien de mots cela fait ;-).
    Pour la promo, ce n’est pas mon truc, et c’est là que cela pêche… Je suis « romancière », pas agent ! Malheureusement…
    Quant aux éditeurs, j’ai compris depuis longtemps qu’il était impossible d’être remarquée par eux de manière fortuite, alors j’ai fait une croix dessus !
    Maintenant, en vivre… même des auteurs qui ont des éditeurs sérieux galèrent souvent pour y arriver, alors, nouz’autres !!!
    Je pense, mais cela n’engage que moi, que les auto-édités anglo-saxons s’en sortent mieux que nous car ils bénéficient d’un large public…
    En tout cas, moi, j’écris d’abord pour me faire plaisir, si le reste suit, tant mieux, sinon, ben tant pis !!!
    Bonne écriture à toutes et à tous !
    🙂

    1. Pour le nombre de pages, je suis plus dans les 3 pages quotidiennes quand je peux arriver à écrire. Donc tu vois, je suis plus modeste sur la production quand j’y arrive 🙂

      Sinon, pour le reste, je n’ai rien à rajouter à ta remarque !

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