Quand culture rime avec argent… Un petit « worst of » des pratiques des acteurs de la culture…

Oui, j’utilise un « néologisme ». On emploie souvent le terme de « best of » pour parler du meilleur. Mais pourquoi ne pas parler du pire, donc le terme « worst of » (le pire de) pour montrer les dérives qu’on peut constater.

Commençons par le monde de l’édition du livre. Dans un article du site « Lecteurs en colère« , on apprend que désormais certains éditeurs, apparemment une minorité, s’amusent à pondre des versions différentes du même livre au format électronique.

En gros, c’est pour reprendre le titre de l’article en question, « l’invention du livre numérique au format poche ».

Pour vous mettre l’eau à la bouche, je cite le morceau de choix du début de l’article, c’est assez clair…

[…]Dans toute courte vie d’un livre, celui-ci commence souvent par un grand format. C’est le cas du livre qui nous concerne aujourd’hui. Paru aux Editions Denoël, Cleer de L. L. Kloetzer suit ce cheminement classique.

Ce titre ayant rencontré un certain succès, il a donc continué sa vie sous le format poche, chez Folio SF.

Rien d’anormal jusque-là. Mais si on se penche sur la version numérique de ce titre, c’est là que tout se complique un peu. Un livre numérique, tiré du format poche ou du grand format, est à peu de chose près le même ; le texte n’a pas soudainement rétréci ou perdu de sa valeur.

Et pourtant, dans le groupe Gallimard (eh oui, précisons que Denoël et Folio SF font partie du même groupe), ils ont réussi à inventer le livre numérique au format poche…[…]

Le reste de l’article est assez intéressant sur certaines pratiques qui sont vraiment très croustillantes.

Bah, je sens arriver les arguments en béton armé pour justifier ce genre de pratiques… Mais ne soyons pas aveugle, et parlons donc d’une pratique qui me débecte particulièrement et qui touche l’industrie de l’inculture musicale : la multiplication des éditions à tort et à travers…

Je ne parle pas de la réédition des albums sortis dans un format précédent sous prétexte de remastérisation, mais une pratique qu’on pourrait approcher de la volonté de presser les amateurs de musique comme des citrons.

Tout en écoutant la version deluxe de l’album Ghost Reveries d’Opeth, un exemple du foutage de … envers les passionnés de musique est les multiples éditions d’un concert acoustique des allemands de Scorpions, « MTV unplugged in Athens ». Merci à Amazon pour m’offrir les références.

En effet, en l’espace de 2 mois, deux versions différentes sont sorties. En effet, nous avons la version classique qui est un double CD, sortie en décembre 2013.

Et au mois de janvier 2014, la version deluxe sort, rajoutant un autre CD et un DVD du concert… Autant dire que c’est très gentil pour les fans de Scorpions ayant dépensé près de 20 € de voir qu’une version plus luxueuse a été sortie quelques semaines après… au même prix ! Un sentiment de pompage de portefeuille est plus que justifié, non ?

C’est vrai qu’il aurait été trop difficile de sortir les deux versions en même temps comme l’a fait Black Sabbath pour son ultime album studio « 13 »…

Autre truc qui me dérange, c’est la sortie d’albums posthumes à foison. Je ne sais combien d’enregistrement post-mortem de Jimi Hendrix ont été publiés. Si on en croit cette page wikipedia, on est dans la douzaine d’enregistrements en studio sortis depuis la mort de ce guitariste en 1970. Pour les live, je n’ai pas osé compter !

Un exemple récent est la sortie du deuxième album posthume de Michael Jackson. Oui seulement deux. Mais il faut se souvenir que l’auto-proclamé « King of Pop » n’est mort qu’en juin 2009.

Donc, d’ici le dixième anniversaire de sa mort, fin juin 2019, on aura sûrement atteint la demi-douzaine d’albums posthumes en raclant les fonds de tiroirs. Je ne saurais trop vous conseiller cet article de RTL sur le syndrôme des albums posthumes.

Et ce qui est vrai pour l’industrie de l'(in)culture musicale l’est aussi pour celle du cinéma. Il suffit de voir le nombre de versions (sur support différents) des différents navets blockbusters récents…

Dire que tout cela, c’est pour le fric et rançonner un peu plus les poches des amatrices et amateurs de culture…

Faudra pas se plaindre que nombre de personnes, en ayant ras-le-**l (mettez ici votre mot de 3 lettres finissant par « L ») de se faire prendre pour porte-monnaie sur jambes,  aillent voir du côté du streaming et du partage en pair à pair pour la musique et la vidéo pour assouvir leur soif de culture.

Je finirais avec une citation attribuée au Chef amérindien des Apaches Chiricahuas Géronimo (1829-1909) :

« Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. »

5 réflexions sur « Quand culture rime avec argent… Un petit « worst of » des pratiques des acteurs de la culture… »

  1. Pour le coup du livre de poche numérique, me semble que ça a été corrigé…
    Sinon y’a pire : réédition d’un album de vieux titres juste pour rallonger les droits d’auteurs (Sony a fait ça dernièrement pour je ne sais plus qui)…

    1. C’est une pratique devenue courante ces temps-ci, pour ne pas qu’une œuvre ne fasse à terme partie du domaine public, Tintin en est un exemple très parlant et pas loin de chez nous.
      La culture est un vivier lucratif et dans ce domaine même la France n’est pas une exception.

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